Le won nord-coréen (symbole : ₩ ; code ISO 4217 : KPW ; en coréen : 원, prononcé : /wʌn/) est la monnaie de la Corée du Nord depuis 1945. Elle est divisée en 100 chon (en chosŏn'gŭl : 전).
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Won nord-coréen Unité monétaire actuelle | ||||||||
Pays officiellement utilisateurs |
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Banque centrale | Banque centrale de la république populaire démocratique de Corée | |||||||
Symbole local | ₩ | |||||||
Code ISO 4217 | KPW
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Sous-unité | 100 chon | |||||||
Taux de change | 1 EUR = 982,64 KPW () (taux) | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Le won est de la même origine que le yuan chinois et le yen japonais. Ces trois noms de monnaie dérivent du sinogramme 圓 (원).
Le won, de code ISO KPW, est devenu la monnaie de la Corée du Nord le , remplaçant le yen coréen qui était encore en circulation. Le taux de change s'établit à 100 yens pour 1 KPW de 1959[1].
Le won nord-coréen est exclusivement destiné aux citoyens nord-coréens. La « Bank of Trade » a créé deux autres devises : l'une pour les échanges avec l'étranger, l'autre pour les visiteurs (comme ce qui se faisait dans d'autres pays socialistes). La Corée du Nord a émis deux variétés de devises destinées à l'usage des étrangers : celle pour les visiteurs provenant de « pays socialistes », qui était de couleur rouge, surnommée « won rouge »[2], et une autre pour les visiteurs provenant de « pays capitalistes », qui était de couleur bleu-vert, appelée « won bleu »[2]. Ces devises ont été utilisées jusqu'en 1999, puis officiellement abolies en 2002, permettant aux visiteurs de payer directement avec leur devise nationale, notamment l'euro[3].
Depuis 2012, les étrangers (et quelques locaux privilégiés) peuvent acheter des biens en « won spécial » (« tied won ») en utilisant des cartes locales de débit, qu'ils peuvent créditer avec leur monnaie étrangère (EUR, USD, RMB) à un taux de change bancaire officiel, où 1 euro est l'équivalent de 130 « won spécial » (« tied won »). Cette carte peut être utilisée dans de grands magasins comme le Pyongyang Department Store No. 1, ou bien dans les magasins situés dans les hôtels internationaux. Ce « won spécial » n'existe pas en billets de banque.
Dans les magasins et les marchés normaux, les produits sont étiquetés avec la devise du won normal (« untied won ») qui n'a pas de cours fixé comme pour le « won spécial » ; les billets de banque peuvent alors être utilisés[4]. Par exemple, au marché de Tongil et au magasin de Kwangbok (le marché chinois), il existe des agents d'échange semi-officiels qui donnent des billets de banque, 10 000 won pour un euro (2012) aux habitants et aux étrangers, donc presque 77 fois autant que le « won spécial » (« tied won »). Toutefois les prix dans les magasins normaux, en dehors du « won spécial » et des magasins d'État, sont basés sur le taux de change du « won normal » (« untied won »).
Depuis 2001, le gouvernement nord-coréen a abandonné l'emblématique taux de 2,16 KPW pour 1 USD (ce qui semble avoir été décidé selon l'anniversaire de Kim Jong-il, le )[5]. Les banques dans le pays émettaient dans les années 2000 à des taux plus proches du marché noir.
À partir des ajustements de , et de la dévaluation qui a suivi en la monnaie est passé de 2,1 KPW = 1 USD à 150 KPW = 1 USD puis à 700 KPW = 1 USD (s’alignant sur le marché noir)[6].
En juin 2010, le taux de change officiel était de 129,559 KPW pour 1 USD[7]. Cependant, la forte inflation a érodé la valeur du won nord-coréen. Un rapport de déserteurs de Corée du Nord affirme que sur le marché noir, le taux était 570 KPW pour 1 RMB (yuan chinois), soit 4000 KPW pour 1 USD) en [8].
Le won a été réévalué en [9],[10] pour la première fois en 50 ans[11],[12]. Les autorités nord-coréennes ont donné sept jours aux habitants du pays pour échanger un maximum de 100 000 KPW par personne (d'une valeur d'environ 40 USD sur le marché noir).
La réévaluation a été vue comme une initiative contre les activités des marchés privés, faisant disparaître l'épargne de nombreux Nord-Coréens notamment la classe moyenne (les pauvres n’ayant pas vu de changement, seule l’élite ayant accès à de la devise étrangère)[13],[14]. L'annonce a été faite auprès des ambassades étrangères, mais pas auprès des médias de l’État nord-coréen[15],[16]. Les informations ont ensuite été transmises via un service de radio uniquement disponible en Corée du Nord et de haut-parleurs dans les rues[13],[17].
Officiellement, cette opération a été initiée par le gouvernement nord-coréen pour contrôler l'inflation des prix, stabiliser la valeur du won et permettre de retrouver de la confiance grâce à une gestion centralisée pour juguler les inégalités engendrées[13],[15]. L’État a voulu se présenter comme s’attaquant aux individus corrompus au sein de l’État ainsi qu’aux abus de marchands.
Cette réévaluation avait comme objectif de réduire l’influence de l’économie parallèle[13].
Dans le cadre du processus, les anciens billets ont cessé d'avoir un cours légal le , les nouveaux billets ont été distribués à partir du [15]. Cela signifie que les Nord-Coréens n'ont pas pu échanger d'argent pour acheter des biens (ou services) pendant une semaine[15]. Entre le et le la plupart des magasins, des restaurants et des services de transport ont été fermés pour la semaine. Les seuls services qui sont restés ouverts ont été ceux destinés à l'élite politique et aux étrangers, qui ont continué de commercer exclusivement en monnaie étrangère[15]. La mesure avait amené les autorités nord-coréennes à craindre des troubles civils. L'agence de presse chinoise Xinhua a décrit les citoyens nord-coréens comme confrontés à une « panique collective »[18]. Les bases de l'armée ont été mises en veille et il y aurait eu des manifestations publiques dans les rues dans de grandes villes et villes nord-coréennes ce qui aurait forcé les autorités à augmenter légèrement le montant des devises autorisées à être échangées[19]. Des tas d'anciens billets ont également été incendiés dans différents endroits à travers le pays, les anciens billets ont été jetés dans un cours d'eau (en opposition aux lois sur la profanation des images de Kim Il-sung) et deux commerçants du marché noir ont été abattus par la police locale, dans les rues de Pyongsong, selon des rapports internationaux[20],[21] à la suite du mécontentement des petits commerçants et entrepreneurs à proximité du marché de gros de cette ville[22]. Les autorités ont menacé de « punition implacable » toute personne enfreignant les règles de convertibilité des devises[23].
Les photos des nouveaux billets ont été publiées le , dans le Chosun Shinbo, un journal nord-coréen basé au Japon[24],[25]. Le document fait apparaître la volonté d'affaiblir le marché privé (et l'économie de marché) pour renforcer le système socialiste du pays[26]. Cependant, le won a chuté de 96% par rapport au dollar américain durant les jours qui ont suivi la réévaluation[27]. Selon un rapport toutefois, la Corée du Nord aurait fait marche arrière sur certains aspects de la réévaluation à la suite d'une émeute de commerçants qui a conduit à douze exécutions[28]. Les autorités ont fini par relever la limite à 500 000 won. Le journal Chosun a indiqué que les autorités ont promis de ne pas mener d'enquête pour les épargnes de plus d'un million de won et des retraits illimités si les épargnes de plus d'un million de won sont dûment justifiées.
Cette réévaluation a créé un réel ressentiment du peuple[29].
En , certaines des restrictions sur le marché libre ont été atténuées le régime ayant probablement pris conscience d’en avoir fait trop[29], et un haut fonctionnaire du parti a été licencié après des incidents[30].
Pak Nam-gi (ou Pak Nam Gi), le directeur du département des finances, responsable de la mise en œuvre de la réforme monétaire, a été limogé puis aurait été exécuté en 2010[29] après une décision prise par le Parti du travail[31],[32],[33].
Mun Il-Bong (ministre des finances de 2000 à 2008) aurait été tué en 2010 après la revalorisation du won en [34].
La Corée du Nord a nié l’existence de graves crises liées à la réévaluation[35].